HISTOIRE DE MOLENBEEK-SAINT-JEAN et de l’Académie

Tout au long de l’histoire, dès l’apparition de ce qui deviendra Bruxelles, le fond de la vallée de la Senne a toujours été un lieu d’enracinement convoité par les marchands et les artisans.

Les pentes du versant occidental de cette vallée sont éventrées d’une multitude de ruisseaux dont la Molenbeke conduite en aqueduc pour alimenter Bruxelles en eau dès le XVIe siècle. C’est sur ce versant que se constitue le hameau de Molenbeek.

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la paroisse Saint-Jean-Baptiste est un bourg rural qui rivalise en étendue avec celle de Saint-Michel et Gudule. Situé sur la route reliant la vallée du Rhin à la mer du Nord, ce bourg est traversé de part en part par un grand axe routier reliant la Porte de Flandre à celle de Namur, c’est la souche de l’actuelle chaussée de Gand.

Molenbeek possède très tôt déjà des industries textiles (travail du lin, du chanvre) et chimiques (potasse, poudre à feu, faïences).

Le premier canal, actuel canal de Willebroek, venant du Ruppel fut ouvert jusqu’à l’Allée verte en 1501: il atteignait les portes de la ville en face de Molenbeek sans y pénétrer plus avant.

Histoire industrielle de Molenbeek

L’ Histoire industrielle de Molenbeek fut bien plus précoce que celle des autres faubourgs bruxellois. Aux prises avec une capitale expansive, de nombreux quartiers lui sont confisqués lors des constructions successives du mur d’enceinte de Bruxelles.

C’est en 1794, que Molenbeek deviendra une commune distincte, indépendante de la capitale; elle compte alors 4.000 habitants.

Le percement du canal de Charleroi, prolongement du canal de Willebroeck, se fera de 1826 à 1832. Ces grands travaux se feront parallèlement au démantèlement de l’enceinte occidentale de Bruxelles, enceinte à laquelle le canal se superposera. Dès l’ouverture du canal, Molenbeek apparaît comme la mine d’or de l’agglomération bruxelloise, carrefour de la liaison économique entre le nord et le sud. L’implantation industrielle s’accélère surtout celle d’établissements mettant en, œuvre des masses de matériaux; charbon, grains, matériaux de construction, dépôts de vins et liqueurs, agences et messageries fluviales se multiplient. Parallèlement des chaînes d’activités liées au canal se développent; chevaux de halage, équipement fluvial. Le canal n’est pas seulement un moyen de transport mais fournit également l’eau de refroidissement d’appareils de distillation ou de condensation. C’est l’opportunité d’y installer brasseries, sucreries … qui restituent après usage l’eau prélevée au canal.

A l’impact du canal viennent s’ajouter d’autres facteurs d’expansion. Vers 1860, s’ouvre pour l’ensemble du pays une période de prospérité. Le développement du réseau ferroviaire de la capitale agit tantôt en complémentarité, tantôt en concurrence à celui du canal. 1840 voit la mise en service de la Gare du Nord, alors que dès 1835, la première ligne de chemin de fer sur le continent reliait Bruxelles à Malines. Ce n’est qu’en 1872, que Molenbeek sera dotée de la Gare de loue st qui valorisera en même temps des terres non encore urbanisées.

En 1897, la Gare de marchandises de Tour et Taxis est inaugurée.

En moins d’un demi-siècle, de 1850 à 1900, la révolution industrielle métamorphose Molenbeek à la faveur de conditions tout à fait exceptionnelles. En 1846 on dénombrait déjà à Molenbeek 70 établissements industriels, dont 17 équipés de machiner à vapeur.

En 1900, le tissu urbain molenbekois est très dense le long du canal: la démographie est très mouvementée.

1831: 4.000 habitants,

1843: 9.000 habitants,

1848: 18.000 habitants,

1880: 42.000 habitants.

Le voûtement de la Senne et la démolition des immeubles insalubres riverains fait migrer une importante population vers les faubourgs notamment manufacturiés de Molenbeek. Cet exode de population fut une garantie de main d’œuvre mais provoqua aussi l’apparition de conditions de logement fort précaires. Pour lutter contre la taudification certains industriels soutiendront la construction de groupes de logements sociaux pour leurs ouvriers.

L’Académie

C’est dans ce même esprit qu’une grande initiative verra le jour en 1865, la création de l’école de dessin et de modelage.

La construction de l’Académie de Dessin et des Arts décoratifs de Molenbeek-St-Jean a été décidée par décret le 27 août 1878. Joachim BENOIT, architecte disciple de POELAERT, concepteur du palais de Justice de Bruxelles, est chargé d’établir les plans de la nouvelle école. Les travaux débutent au mois de février 1879.

La construction se présente comme un ensemble monumental, au style propre de l’époque. Les briques rouges de la façade sont soulignées par les pierres blanches de l’ornementation et la pierre bleue du soubassement.

Un portique, surmonté d’une loggia, indique l’entrée principale. Des cartels, situés sous la corniche, portent le nom d’artistes célèbres. Le hall d’entrée mène vers un magnifique escalier de marbre et de fer forgé qui permet d’atteindre la galerie du premier étage. L’ensemble se compose de vastes ateliers, aux larges baies favorisant un éclairage naturel, idéal. Une salle de projection, aux proportions harmonieuses est logée à l’étage.

La création de nouvelles sections a été de pair avec l’évolution des techniques et l’utilisation de nouveaux matériaux. Aux ateliers de peinture et sculpture se sont adjoints les ateliers pluridiscipli-naires, la céramique, la photographie, la sérigraphie, la publicité, la cinégraphie, la vidéographie, l’infographie ainsi que les ateliers préparatoires réservés aux enfants.